De Chengdu à Hekou via …
Direction Chengdu, pour voir les Pandas Géants. C’est un joli parc, version forêt de bamboo, avec un lac, où les pandas sont gardés afin de protéger et reconstituer la population déclinante de ces animaux. Un peu de malchance avec le temps, trop chaud, car les pandas préfèrent être à l’ombre (dans leur prison ?). Le visiteur peut en outre admirer des pandas de tout âge (même des nouveux-nés !) et des Pandas Roux, bien plus actifs (malheureusement en voie d’extinction aussi, à cause du morcellement de leur habitat).
Le soir nous avons assisté à un spectacle réunissant opéra chinois, marionettes, theâtre, ombres chinoises, et jeux de costumes (il faut voir à quelle vitesse les figurants peuvent changer de fringues ou de masque devant vos yeux), dans une maison de thé. Le chant demande une oreille habituée mais les masques sont excellents.
Chengdu est dans la province du Sichuan, connue pour sa cuisine épicée. Nous nous devions d’essayer un “hot pot”, sauce bouillante dans une casserole chauffée au milieu de la table, et dans laquelle on cuit viande, légume, poisson, estomac, intestins, etc. La version Ying-Yang a le mérite d’avoir une moitié épicée (très) et une moitie normale (enfin, légèrement relevée). Autre chose à noter pour l’ensemble de la cuisine chinoise: la viande est généralement servie avec beaucoup de gras (pas vraiment au goût de Netta), et le poulet est souvent servi en morceau, avec tout dessus: peau, viande, os, cartilages, etc. Apparement, ils ont de bons couteaux, mais pas le temps de décortiquer …
De Chengdu, nous sommes allés voir le Bouddha Assis de Le Shan. Il s’agit de la plus grande statue de Buddha, gravée dans la roche, au monde (71m). L’endroit, plus qu’ailleurs, est noir de monde, et la queue pour admirer la statue à ses pieds (le site se trouve au niveau de sa tête) nous aurait pris 4H. Après avoir fait le tour des temples inclus dans notre ticket, nous avons un de ces bateau qui passent devant la falaise pour prendre quelques photos du Buddha sans poireauter 4H. Je ferai remarquer à l’éventuel visiteur que le site abrite également une statue de Buddha couché, de taille respectable, et que nous serions allés voir cet autre immense exemplaire s’il ne fallait pas payer une autre entrée (alors que c’est à l’intérieur du site principal), à prix non-négligeable, compte tenu du prix de l’entrée au site, déjà conséquent. Et que si vous prenez le bateau pour voir le Grand Buddha, ne vous laisser pas berner par la mention “Buddha endormi” sur la liste des choses vue depuis le bateau. Ce n’est pas celui qui est couché, mais la forme des 3 collines environantes semblent, de loin, peut-être, avec une certaine dose d’imagination et de bonne volonté, former un Buddha couché. Sans commentaire.
En passant par Kunming (pour obtenir des visas pour le Vietnam), nous avons pris le bus pour Lijiang, belle cité historique, très rénovée. A apprécier à l’aube, lorsque la lumière vous le permet et que les touristes ne sont pas encore levés (les tours organisés commencent très tôt, cependant, donc vous n’avez qu’une demi-heure ou une heure de tranquilité). Après ça, c’est bain de foule. Notez que vous n’aurez pas à faire d’efforts pour marcher :)
Nous avons remarqué que notre humeur vis-à-vis des Chinois changeait tous les jours, ou parfois dans la minute. La plupart du temps, nous les avons trouvés sympathiques, prêts à vous aider, que ce soit à traduire au guichet de train, ou indiquer quel bus prendre pour le centre-ville. Deux ou trois fois, des gens ont même payé notre ticket de bus. Pas que ça coûte des masses (bus de ville: 1 yuan, 0.10€), mais le geste compte. Parfois, nous avions l’impression d’être des stars: dans les sites touristiques, beaucoup de gens prennent des photos de nous, avec eux ou leurs enfants. Apparement, beaucoup d’entre eux vivent “à la campagne” (comprendre: ville de moins de 5 millions d’habitants), et n’ont jamais vu d’étrangers. Ca fait bizarre quand même.
Parmi les choses qui nous énervaient le plus: le traffic. Les gens conduisent partout la main sur le klaxon, pour protester bien sûr, mais aussi pour prévenir “pousse-toi je passe”. La différence avec disons le Pérou, c’est le nombre. C’est pas 10000 clampins, plutôt 10 millions. Et priorité à qui à la plus grosse. Bagnole j’entends. La mobilette ne s’arrète pas pour le piéton (qui n’a aucune priorité, même dans la loi), la voiture ne s’arrète pas pour les 2 roues, les camions et les bus se jugent à la taille et passent avant les voitures, surtout si leur klaxon sonne plus fort. C’est à rendre fou, car le concert ainsi généré ne s’arrète jamais. Au point que je cherchais (sans trouver) où acheter un de ces klaxons de stade, histoire de répondre un peu. Au feu vert, votre vie est en danger si vous ne faites pas attention aux voitures qui tournent (encore une fois: les piétons n’ont PAS priorité).
Les gens sont bruyants, même sans être au volant. Netta se demande même s’il y a une loi qui oblige les gens à se lever et à gueuler dans les couloirs d’hôtels (surtout les femmes de ménage !). Il semble impossible de concevoir pour certains que discuter avec son voisin, distance 1m, ne veut pas dire hurler à tue-tête. Ca et le bruit des klaxons rend difficile toute tentative de repos.
Il semble que les villes ont grossi trop vite en Chine, et un certain nombre de gens (une majorité dirai-je) n’ont aucun sens des civilités qui sont l’usage dès lors qu’on sort de sa campagne. Par exemple, faire la queue. Ca parait simple, mais il y a toutes les chances pour que quelqu’un passe devant vous à chaque fois que vous voulez un ticket de train, passer à la caisse, prendre une photo, etc. Ah, et n’espérer ni une réaction des autres Chinois (habitués ?) ni que l’on comprenne pourquoi vous vous plaignez … Du coup, c’est vous qui passez pour le malpoli.
Très connue des gens qui ont visité le pays, cette habitude chinoise de cracher, après s’être râclé le nez bruyamment, je vous laisse imaginer. De l’avis de “vieux” voyageurs, cela arrive beaucoup moins maintenant qu’il y a 10 ans. Hé ben, ce devait être le festival du molard …
Il y a aussi de curieuses habitudes: les enfants en bas âge sont habillés de pantalons ouverts derrière, comme décousu le long de la raie des fesses. Ceci pour faciliter la sortie des imprévus sans salir les fringues. En gros, la maman tient le gamin par les fesses pendant l’opération. Pratique. Ce ne serait pas un problème si ceci restait privé, cela le devient lorsque cela se passe sous vos yeux, au milieu de la rue, dans les stations de train, etc. D’un autre côté, si ce pays d’1.3 milliard(s?) de gens se mettait à utiliser des couches, ca ferait une sacré montagne de déchets. Donc un point pour le côté écologique.
Maintenant, essayez d’imaginer ces mêmes bambins, jouer assis par terre dans le train, pantalon ouvert donc (c’est déjà pas hygiénique), au milieu du tapissage systématique dû au festival décrit plus haut … beurk, retournant (dixit mon estomac).
Puisque nous avions passé une grande partie du temps dans les villes, il était temps d’en sortir un peu. Depuis Lijiang, nous avons pris le bus pour Chao Tou, d’où partent les touristes en visite pour les gorges du Saut du Tigre. Il s’agit des gorges créés par le fleuve Bleu (Yangtse/Yangzi), peut-être les plus profonds canyons du monde. De ce petit bled, les Chinois, et quelques autres groupes de touristes, visitent en bus le long de la rivière. Apparement, marcher, c’est pour les paysans (si j’ai bien compris) ; résultat: il n’y a que les occidentaux qui se tapent les montagnes à pied. Super, la foule, on en a assez. Le premier jour, en compagnie de 4 autres touristes, nous devions compléter la première étape en 2H, grosso-modo. Sauf qu’il pleuvait. Sauf qu’on papotait. Sauf que tout le monde s’est dit, il y en a bien un qui sait où on va. Sauf qu’au fur et à mesure de notre avance, rien ne semble avoir de sens (d’après les instructions qu’on nous a donné), mais que l’on insiste. Sauf que les villageois rencontrés ont pris un malin plaisir à nous balader par-ci par-là, car ils n’ont aucun intérêt à montrer la bonne route. Tant et si bien bien, qu’à la fin, nous avons dû accepter d’en payer un pour nous guider jusqu’à notre destination.
Le fermier, qui ne payait pas de mine, petit, fin et agé, volait plus qu’il ne marchait sur les pentes pourtant abruptes de la montagne, et se demandait pourquoi nous avions besoin d’une pause de temps en temps … de quoi nous remettre en question. La marche (4 ou 5H finalement), même malgré la pluie, nous a fait voir des paysages impressionants. Le lendemain, c’etait encore mieux, surtout après que le brouillard s’est levé. En revanche la marche était plus difficile du fait des chutes d’eau qui traversent un chemin déjà étroit (attention à la falaise, la chute serait longue !).
Certainement une de nos meilleures expériences en Chine.
Les jours défilent, et le visa s’achève. Nous devons reprendre le bus pour Lijiang, puis Kunming, et de là attraper le bus de nuit pour Hekou, à la frontière avec le Vietnam (Lao Cai). La route est longue, parfois limite existante, pleine de virages, pas moyen de dormir. Il est 7H du mat’ en Chine, 6H de l’autre côté. Une heure à attendre autour d’un bol de nouilles, et ça y est: Good morning, Vietnam !